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Be-Price : La télé et les concours sont-ils un tremplin pour les Chefs ?

Top Chef, Lady Chef, Masterchef, le meilleur pâtissier… Les concours nationaux et les émissions diffusées à la télévision ont boosté l’image des métiers liés à la cuisine et suscitent parfois des vocations. Mais en quoi peuvent-ils changer la vie des candidats ?
Par Françoise Bouzin

César Lewandowski, candidat Top Chef

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César Lewandowski

César représentait la Belgique lors de sa participation à l’émission Top Chef 2023. Éliminé lors du 6ème prime, il reconnaît que ce concours est un booster de carrière. « C’est une bonne chose de se challenger surtout si on a une idée de ce que l’on veut faire après. Il faut profiter de cette opportunité qui offre un moyen de s’émanciper et d’accélérer son parcours de vie de plusieurs années. En participant à Top Chef, j’ai réalisé des choses que je n’aurais pas pu faire et j’ai boosté mon envie d’entreprendre. Lorsque l’on démarre une carrière en cuisine, on veut tout faire parfaitement et cela peut être un frein car on craint de se tromper. Avec Top Chef, on « dédiabolise » les choses. Lorsque tu es exposé à des milliers de spectateurs belges et français, tu es bien obligé de te dire que si tu échoues à un moment de la compétition ce n’est pas très grave. C’est une leçon de vie ! C’est intense mais, en fait, ça passe très vite. On bosse aux côtés de grands chefs qui jouent aussi le jeu ».

Lors des différentes épreuves de Top Chef, les candidats sont confrontés à des défis culinaires variés et exigeants, ce qui les pousse à améliorer leurs compétences en cuisine. C’est aussi l’occasion d’apprendre de chefs professionnels et de leurs collègues concurrents. « Tous les candidats sont devenus des amis. On s’entend tous très bien et il y a une grande solidarité entre nous, » ajoute César. https://www.instagram.com/cesar_lewandowski/

 

Redorer le blason de la profession

Sofie Dumont Chef
Sofie Dumont Chef

Ces concours ont également permis de donner une autre image de la profession. « Pour participer à Top Chef, Il faut un peu de bagage mais ce n’est pas hors de portée, explique César. Quelques qualités sont nécessaires : une grande réactivité, une rapidité d’adaptation, de la créativité et une certaine liberté d’expression face à la caméra. » Top Chef démontre également qu’il existe d’autres opportunités à côté du schéma classique. « Le métier évolue – tant au niveau de sa manière de fonctionner que du recrutement -. On constate qu’il y a d’autres chemins pour y arriver. Non seulement la voie classique qui consiste à rejoindre une brigade où l’on monte les échelons mais aussi ces programmes télé qui permettent d’accélérer le processus. Le métier change à l’instar de la vie actuelle. Personne ne peut l’ignorer. Tous les établissements ont un Insta et communiquent sur les réseaux et ces émissions offrent une belle visibilité. »

 

Né à Marseille, César Lewandowski vit et travaille en Belgique depuis 2019. Après un cursus à l’école Ferrandi Bordeaux et quelques expériences dans des maisons françaises prestigieuses et étoilées, comme l’Hôtel du Palais à Biarritz et l’Arpège à Paris, en 2018 il décroche un poste de chef de cuisine au Mu Bali, restaurant situé sur l’ile indonésienne. De retour en France en 2019, il travaille chez Mensae, la table bistronomique du chef Maxime Bouttier. Puis, il s’installe à Bruxelles, développe le projet YABABA et de devient responsable de la partie Street Food du Hearth Project. Un projet solidaire destiné à aider les personnes dans le besoin en donnant une nouvelle vie aux invendus alimentaires. En parallèle, il a également enchaîné des collaborations avec des pop-up et des restaurants en tant que chef et “développeur de concepts innovants”.
Depuis juin 2023, César Lewandowski s’est installé au Fox – le nouvel espace de streetfood au rez-de-chaussée de la Royale Belge – où il propose des Lovas, sa version des okonomiyakis (des galettes de chou japonais, garnies de thon, poulet, veggie avec des sauces et des légumes travaillés). César y reçoit régulièrement d’autres candidats Top Chefs qui viennent exprimer tout leur talent de futurs grands. Le mois dernier, il était en duo avec Hugo Riboulet, le gagnant de Top Chef 2024.

 

Sofie Dumont Lady Chef

Depuis plusieurs années, Sofie Dumont se démarque sur la scène culinaire belge. Successivement pâtissière, propriétaire d’un restaurant renommé, elle est aussi créatrice de programmes de télé branchés et auteure de nombreux livres de cuisine. Quand on lui demande d’où vient cette énergie, elle explique que c’est son amour, sa passion et son enthousiasme pour la cuisine qui n’ont cessé de la porter. « Je voulais tout faire. Pâtissière dans une grande maison comme Wittamer (fournisseur de la Cour), mais aussi être chef de mon propre restaurant en passant par divers stages effectués à l’étranger. J’y ai toujours mis tout mon cœur ».

 

L’effet booster

Sofie Dumont Chef
Sofie Dumont Chef

En 2009, elle est élue « Lady Chef – meilleure femme chef de l’année » (une initiative destinée à promouvoir les femmes chefs dans le domaine de la gastronomie n.d.l.r). « Lorsque j’ai été nommée, ce titre n’était pas aussi connu qu’aujourd’hui. La plupart des Lady Chefs qui m’ont précédées avaient déjà à leur actif un solide parcours. Certaines étaient étoilées. Moi, j’étais très jeune. J’avais suivi un parcours classique mais très vite, j’ai aimé expérimenter d’autres pistes… Après cette nomination, tout est allé très vite. Je travaillais comme une malade. Le restaurant était full et il fallait réserver des mois à l’avance. J’ai fait beaucoup d’interviews, participé à des émissions de de radio puis créé mes propres shows en télé. En parallèle, j’ai publié des manuels de cuisine. En 2013, j’ai accouché d’une magnifique petite fille et, en 2016, j’ai remporté le Gourmand World Cookbook Award pour mon livre sur l’alimentation saine pour les enfants. Aujourd’hui, je partage mon expérience dans des livres, mais aussi sur les réseaux sociaux et dans les médias. Je suis de plus en plus inspirée par une cuisine en rapport avec mes producteurs locaux. »

Aujourd’hui, en tant qu’entrepreneuse, elle découvre sans cesse de nouvelles opportunités pour partager sa vision culinaire et crée de nouveaux canaux pour transmettre son expérience. Parmi ceux-ci, figurent le programme télé culinaire “De Keuken van Sofie ”, sa plateforme digitale à 360° avec laquelle elle atteint plus de 10 millions de visiteurs par mois, tant du côté néerlandophone que francophone, et de nombreux livres de cuisine. Le dernier en date s’appelle « Happy moments » (NL et FR paru chez Lannoo et Racine) et répertorie des recettes originales pour la semaine, les longues matinées de congé en famille et les soirées dansantes entre amis. Son succès réside dans un mix ingénieux de canaux en ligne, de bons plats accessibles à tous, et une bonne dose d’humour et de joie de vivre.
www.sofiedumont.fr